Presse et commentaires

Engagement dans l'exil - recto

Musée Jean Moulin

Engagement dans l’exil

23 octobre 2010 – 26 juin 2011

 L’humanité – Roger Bourderon 
Ces pages tragiques et glorieuses de la guerre d’Espagne sont au cœur de la très belle exposition « Engagement dans l’exil, une famille de républicains espagnols » consacrée à la mémoire  de Francisco Castillo et Gloria Abad. Peints par Gloria Castillo Magar, des tableaux aux tonalités différentes suggèrent avec une grande intensité l’internement, le maquis, la déportation…

 

La revue du SNESUP – Entretien avec Gloria Castillo-Magar, par Carmen Alava

 Toute une famille au service de la mémoire, comment est né ce projet ?

L’idée d’un travail collectif et familial est née de notre nécessité de rendre hommage à nos parents d’abord et à tous ceux qui ont subi ou subissent la douloureuse expérience de l’exil. Il nous était aussi nécessaire de rompre le silence que nos parents avaient choisi pour tenter d’épargner leur famille et ne pas raviver les plaies.

Mais en même temps ce chemin de mémoire nous l’avons emprunté chacun à notre façon. J’ai essayé d’être à distance et de parler de ce qui est arrivé à mes parents et à ma famille de manière à l’intégrer à un mouvement plus général. Il y a des enfants qui viennent voir cette expo et qui subissent l’exil, qu’il soit politique mais aussi bien plus souvent économique, et c’est à eux que je pense. Quelque part, j’ai essayé de donner un peu d’espoir à ces gamins, moi qui ai  subi à dix ans les mêmes choses qu’eux, les  phrases choquantes, insultantes  « retourne dans ton pays ». Mon frère, serge castillo souhaitait quant à lui davantage mettre en avant avant la douleur et le calvaire subis par tous ces républicains. Quant aux plus jeunes de la famille, ils ont voulu parler de leurs grands-parents comme combattants mais surtout comme personnes aimantes, présentes et avec lesquelles ils ont eu une enfance magnifique. Grâce à cette expo, nos parents sont vivants et on a le sentiment de leur rendre ce qu’ils nous ont donné. On a aussi eu un sentiment de revanche sur une guerre qui n’était pas finie et, en particulier, quand nous avons eu l’occasion, grâce à cette exposition, de refaire le chemin à l’envers, emprunté par nos parents, avec les sculptures et les toiles dans nos bras. En traversant cette frontière nous avons remporté une victoire, pour eux et pour nous.

Vos parents ont vécu la « Retirada ». Avez-vous eu, vous aussi, l’impression d’être « retirés » ?

Oui même si maintenant je parle avec beaucoup plus de tranquillité. J’avais 15 ans la première fois que je suis allée en Espagne avant mes parents. Je me suis retrouvée dans un univers inconnu, je ne parlais pas bien la langue, d’autres choses me pesaient comme le poids de l’église… on me disait que j’avais l’accent brésilien, j’ai été « retirée » d’une langue qui normalement devait être la mienne,  d’une culture qui était la mienne, ça me faisait mal. Avec le temps on se réconcilie mais quand je vois la télévision espagnole j’ai l’impression d’avoir été mise de côté, que l’on m’avait volé une partie de mon identité.